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  • Photo du rédacteurEn attendant

L’acte de foi

Dernière mise à jour : 10 févr. 2021

Est-ce que dans tous les changements, les transformations,

il y a cette impression de saut dans le vide ?


Pour moi, c’est le cas. J’ai quitté mon emploi.

Au lieu de me prendre rapidement une nouvelle assignation,

comme je l’ai fait mille fois dans le passé, j’ai décidé d’attendre,

de trouver la voie qui me ferait sentir « moi » à nouveau.

La foi et le courage au ventre, j’ai mis les orteils au bord de ma falaise.

Je tremblais, mais souriais.

J’ai sauté les yeux fermés.


Je suis présentement dans ce vide.

Et la chute n’est pas zen.


1914, Georgia « Tiny » Broadwick est la première personne à faire une chute libre depuis un avion et tester le déclenchement manuel de l’ouverture du parachute.

Au départ, avant de sauter, elle a dû se dire : «  ça va marcher, j’y crois. »

Elle devait avoir une croyance absolue pour risquer sa vie.

Elle a fait un « acte de foi ».

En anglais, ils disent « leap of faith »

Une expression plus juste selon moi parce que "leap"

veut dire saut/bond, ça sous-entend le risque.


Je me demande si Mme Broadwick était dans cet état

de confiance absolue pendant toute la descente.

Pendant la chute...

Est-ce qu’elle y a cru tout le long ou la peur a fait une apparition ?


Certains athlètes de sport à haut risque disent qu’ils ne peuvent pas

laisser de place à la peur, que lorsque la peur s’infiltre,

c’est à ce moment que la vie peut être en péril.


Dans ce changement que je vis, ma vie n’est pas compromise.

Les enjeux ne sont pas les mêmes.

Mais tout de même, je fais des parallèles à cause de cette notion

de foi, de risques...


Pendant mon stage, une journée où j’étais particulièrement anxieuse,

ma superviseure anglophone m’a dit :

« Caroline, in life, you either have faith or fear.  It’s a choice to have faith and believing that good things will happen. It´s also a choice to anticipate what’s to come and imagine the worst.  With fear, you want to control. With faith, you let go. »


Traduction Google :  « Caroline, dans la vie, soit vous avez la foi ou la peur.

C’est un choix d’avoir la foi et de croire que de bonnes choses arriveront. C’est aussi un choix d’anticiper ce qui va arriver et d’imaginer le pire. Avec la peur, vous voulez contrôler. Avec la foi, vous lâchez prise. »


J’avais 24 ans et pour moi, les croyances dites spirituelles

relevaient de la naïveté de l’enfance.


J´ai cessé tôt de croire au Père Noël quand j’en ai vu un à l’allure misérable dans un centre d’achat.

J´ai cessé de croire à la magie des contes de fées quand ma mère,

venant me consoler la nuit, me rassurait que les fantômes n’existaient pas.

Dans ma tête : si les fantômes-monstres-sorcières n’existent pas,

les fées-licornes-fin trop heureuse non plus.

J’ai cessé de croire en Dieu quand on nous enseignait à l’école

que l’amour de Dieu était le plus puissant. Pour moi, c’était celui de ma maman.


Cette croyance aussi a d’ailleurs été écorchée au cours des années.


Le sort de la spiritualité s’est scellée pour moi après le visionnement

du film La secte de Waco en 1993. J‘ai conclu que "les détenteurs de vérité"

peuvent être dangereux.


Ma dernière forte croyance concernait l’Amour, mais mes expériences

ont cloués ce cercueil d’un réalisme plus ajusté.


Bref, avec les années, j’ai fait cette équation :

avoir la foi = être naïf = s’exposer à des risques = mettre sa vie en danger.

Je crois qu’il est impossible de ne pas avoir de croyances, mais

comme expliqué dans un texte précédent (voir La peur en nuance de gris),

j’ai appris à cultiver mon doute. Même lorsqu’il s’agit de moi.

Imaginez comment je suis à l’aise en entrevue d’embauche.


Donc, en 2011, quand ma superviseure a commencé à parler de foi,

j’y ai d’abord perçu une candeur qui, pour moi, ne pouvait tenir la route. Mais elle opposait à la foi, la peur, et ébranlait ainsi mes doutes.

J’ai ensuite été témoin de l’impact de sa foi autour d’elle, à commencer par moi.

Elle s’enthousiasmait devant mes réflexions, relevait le génie dans mes actions

et donnait de l'importance à mes rêves...

Je partageais plus aisément mes opinions, me laissait moins ébranlée par la critique,

imposait plus mes préférences, mes besoins...

Quand un autre croit en toi, tu ne peux que te donner la permission de croire aussi.

Ses perceptions sur la foi et ses croyances ont fait leur chemin dans mon coeur. J’ai porté cela avec moi dans chacune de mes interventions par la suite.


Une foi en l’autre et une nouvelle foi en moi.


Par contre, ma superviseure s’est ensuite lancée dans le vide en changeant

de carrière pour développer un projet de vente à saveur socialiste.

Elle travaillait à encourager les autres et moi à se joindre à elle. Mais, tout à coup, je craignais sa foi convaincante, qu’elle réussisse à me convaincre.

J’avais l’impression d’avoir été berné. Tout sonnait désormais faux. Je la remettais en question et sa foi par le fait même.

Ma plus grande conviction s’est forgée : la foi, les fortes croyances suscitent

chez moi de la méfiance. Si je suis parfaitement honnête, je n’ai pas

confiance en quelqu’un qui incarnent ces valeurs.

Maintenant que j’ai choisi le changement, de sauter dans le vide, je réalise que la foi est possiblement le parachute...

Fuck.

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