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  • Photo du rédacteurEn attendant

Le deuil

Dernière mise à jour : 10 févr. 2021

Ma salle d'attente est devenue un salon funéraire.


Assisse, j'assiste à la mise à mort d'une version de ma vie.


Comme dans un film, mon futur prévu

est devenu du passé,

ou a été archivé.

Tout a viré au noir et blanc.


Le vide intérieur que je ressens,

je crois en fait que c'est le manque.

Je suis en sevrage de tous ces a priori que je prenais pour acquis.


J'ai compris que je suis en deuil.


Mon deuil le plus clair est le statu quo.

Je ne veux/peux pas retourner en arrière.

Je dois donc renoncer au statu quo.

J'imagine que c'est souvent le premier deuil que plusieurs rencontrent aussi dans leur espace liminal.


Les choses ne seront plus comme avant...


Cette réalisation entraîne une chaîne d'émotions :


Le choc (dans mon cas qui oscillait entre euphorie et angoisse)

« Bye Bye Boss ! En contrôle de ma vie, enfin ! LIBERTÉÉÉÉÉÉ ! »

« Oh mon dieu ! Ma vie est foutue. Qu'est-ce que je vais faire ? Je peux pas vivre ça. C'est too much »


Du déni.

« Tout va bien aller. Il y a que la voie professionnelle qui change, ma vie reste tout de même la même. Je fais un simple changement de voie. Des opportunités vont émerger et je vais les saisir. Dans 3 mois, je serai de nouveau sur les rails. »


De la colère. Du marchandage.

« Comment je fais pour développer une discipline de travail et de la rigueur toute seule chez moi avec toutes les distractions du monde à côté de moi ? Si on était pas en pandémie aussi, ça irait vraiment mieux. Pire moment dans l'histoire pour faire une réorientation professionnelle notamment pour s'embarquer sur le bateau du monde artistique alors qu'il prend l'eau et brûle, en même temps. Pire idée du monde !! Si mon contrat s'était pas terminé aussi, je serais restée au moins jusqu'à la fin de la pandémie... »


« Si je travaille fort, que je fais ce que j'ai à faire, le résultat sera nécessairement positif. La vie doit récompenser mes efforts. Si je suis mon coeur, mon vrai moi intérieur, les choses peuvent juste se mettre en place... naturellement. Les autres ont fait ça et trouver leur X. J'ai juste besoin de suivre les signes. »


De la tristesse.

« Je ne me sentirai plus jamais en sécurité, paisible. Armée d'une faux, je vais passer le reste de ma vie à défricher et chercher mon chemin... La sérénité me manque. "Savoir de quoi demain sera fait" offre un avenir paisible... je ne connaîtrai plus jamais ça... »


Mais de l'acceptation aussi.

« Oui, j'avais plus de sécurité avant, mais c'était vraiment pas paisible. C'était l'angoisse de la faute professionnelle, de l'infini bureaucratie. C'était l'ennui et les frustrations devant la routine, le manque de créativité, l'absurdité des règles, de la docilité pour garder mes privilèges. Je choisis un autre type de souffrance avec sa panoplie de gains. Je vais me centrer sur le développement de mes compétences et de mes talents. Le résultat ne m'appatient pas. »


Vous me voyez venir depuis un bout, j'imagine...

Oui, les étapes du deuil... en boucle, dans le désordre, de façon infini.


Quand je m'identifie dans une étape, je réalise que je vis simultanément une autre et puis ça change et, puis c'est en mouvement. Je me sens pas en contrôle.


Je vis mal les deuils, les aurevoirs, les adieux.

Je veux jamais lâcher prise en fait.


Me laisser vivre le deuil.

Plus jeune, je rushais à la fin des films, je voulais connaître la suite,

savoir ce qui arrivait après.

Je pensais que les cinéastes devaient faire des films plus longs ou des suites.

Quand j’ai découvert le concept de série télé... j'ai enfin été rassasiée !

Quoique j'ai ensuite saisi que la multiplicité des saisons et des suites ne signifient pas

des fins heureuses, satisfaisantes ou intéressantes... au contraire (allô Supernatural, Grey's Anatomy...).

Cette quête de continuité, de sérénité, de "connu" n'est pas un gage de satisfaction.


Dans le même ordre d'idées, j'ai rarement mis fin à une relation amoureuse même quand elle était nocive, insatisfaisante...

Même si je savais très bien que de la faire perdurer était douloureux et désagréable, je préférais le statu quo.


Mon grand changement c'est de renoncer au statu quo, d'accepter la fin de certaines perceptions, idéaux, rêves, relations, d'une ancienne version de moi...


Mon grand changement c'est aussi d'accueillir le deuil.

Ce mot en grande lettre


F I N




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